LE CAPRICE D’ERATO

[PREMIÈRE ENTRÉE]

Chœur des élèves d'Érato
Rassemblons-nous dans ces belles retraites.
On nous permet de faire entendre notre voix
Dans des lieux où l’Écho cent fois
A redit des chansons parfaites.
Apollon, à Érato
Déesse des concerts, recommencez vos chants,
Ranimez vos accords touchants.
Un monarque adorable
Honore quelque fois votre empire agréable,
En se livrant à ses douceurs.
Dans ses nobles loisirs, plus d’un talent l’amuse.
Lorsqu’il daigne au Parnasse oublier les grandeurs,
Vous n’êtes pas la seule Muse
Qui le comble de ses faveurs.
On entend un symphonie vive et gaie, mêlée de trompettes et de timbales.
Mais qu’entends-je  ? quels cris de joie  !
D’où naissent ces accents que le Ciel nous envoie ?
Minerve, aux élèves d’Érato
Le ciel à vos concerts offre un objet nouveau,
Il vous donne un Dauphin, tous les Dieux l’environnent,
Les Vertus gardent son berceau,
Les Graces le couronnent.
Junon, aux élèves
Qu’aux transports les plus doux votre âme s’abandonne.
Chantez, de votre sort célébrez les appas.
Illustres Amphions, chantez ne cessez pas
D’applaudir à Louis, votre cœur vous l’ordonne ;
Chantez, de votre sort célébrez les appas.
Chantez, et les Plaisirs vont voler sur vos pas.
Que de biens à la fois un seul moment vous donne !
Jamais un jour si beau n’éclaira ces climats.
Qu’aux transports, etc.
Chœur des Élèves
Chantons, de notre sort célébrons les appas,
Chantons, et les Plaisirs vont voler sur nos pas.

[DEUXIÈME ENTRÉE]

Entousiasme d’Érato où elle invite Terpsicore à se joindre à ses chants.
Érato, à ses élèves
Par mille chants nouveaux, signalons notre hommage ;
C’est ainsi qu’Érato peut exprimer ses vœux :
Terpsicore venez, embellissez nos jeux
De cent objets divers traçons ici l’image,
Exprimons nos transports dans un caprice heureux.
Junon
Ô vous qui d’une aile légère,
Parcourez cent climats divers ;
Partez, Nymphe aux cent voix, volez, fendez les airs ;
Que le Dieu qui règne à Cythère
Soit chanté dans tout l’univers.
Quand Psyché lui rendit les armes,
Ce n’était qu’un essai du pouvoir de l’Amour :
Avait-il rassemblé, comme dans ce beau jour,
Tant de talents et tant de charmes ?
Ô vous qui d’une aile légère, &c.
Érato à Terpsicore
De la saison nouvelle
Je vais vous peindre le retour :
De bergers amoureux, qu’une troupe fidèle
Vienne avec moi, célébrer ce beau jour.
Symhonie champêtre.
Menuet.
Une Bergère, élève d’Érato
Le Dieu de Cythère
Suivi du Mystère,
Revient dans nos champs ;
Sans lui, l’on ne voit point de printemps.
Le Dieu de Cythère
Suivi du Mystère,
Et des doux Plaisirs,
Vient payer le prix de nos soupirs.
L’Amour dans les Bois
Ne nous impose jamais que de douces lois.
L’Amour dans les Bois,
Des bergers règle seul le choix.
Nos sombres retraites
Pour ce Dieu sont faites,
Il aime mieux
Nos forêts que les cieux.
C’est sous notre ombrage
Qu’il reçoit l’hommage
Des tendres cœurs,
Les plus dignes d’obtenir ses faveurs.
Érato
Le printemps règne enfin dans ce charmant séjour,
En faveur des plaisirs, il ranime l’ombrage ;
Et déjà l’amant suit l’Amour,
Qui l’appelle sous le feuillage.
Danse des bergers.
Érato
Descendons sur les bords où l’affreuse Alecton
Fait trembler d’un regard, les sujets de Pluton.
Bruit infernal.
Érato
Quel bruit ! quels sifflements ! quel funeste ravage !
Que de manes plaintifs ! que de monstres divers !
Je vois le Stix et son brûlant rivage,
Restez monstres affreux, dans le fond des Enfers,
Respectez les plaisirs qui charment l’univers.
Le bruit continue.
Sommeil, calmez ce bruit terrible.
Symphonie en sommeil.
Régnez divin Sommeil, que sur ce bord paisible
Flore même pour vous cultive des pavots.
Symphonie vive, avec des échos.
Mais, quel bruit éclatant réveille les échos ?
C’est l’aimable fils de Sémélé !
Vous, Bacchantes, vous Dieux des bois
Soumis à ses heureuses lois,
Célébrez avec moi sa puissance immortelle.
Chanson bacchique.
Un élève d'Érato
Bacchus, ne tarde pas, règne, viens nous saisir :
De ta douce folie, heureux qui sent les charmes.
À la triste raison tu ne ravis les armes
Que pour les donner au plaisir.
Bacchus, ne tarde pas, règne, viens nous saisir :
De ta douce folie, heureux qui sent les charmes.
Danse des bacchantes.

[TROISIÈME ENTRÉE]

Érato
Des rossignols, dans mes accords,
Imitons le tendre ramage.
Chanson bacchique.
Oiseaux, que vos concerts m’enchantent sur ces bords !
Vous chantez le Dieu qui m’engage :
Lorsqu’on a de l’amour ressenti les transports,
On entend bien votre langage.
Mais, Diane paraît avec sa jeune cour !
Que le cor éclate à son tour.
Fanfare.
Une Chasseuse, élève d’Érato
L’amour vole à la chasse,
Jeunes cœurs, nos champs sont pleins de ses attraits ;
Quelque route qu’il fasse,
On ne peut jamais
Fuir ses traits.
Dans ces charmants détours,
Où peut-on contre lui trouver du secours ?
C’est au fond de nos bois
Que son carquois
Achève plus d’exploits.
L’amour vole à la chasse,
Jeunes cœurs, nos champs sont pleins de ses attraits ;
Quelque route qu’il fasse,
On ne peut jamais
Fuir ses traits.
Loin des regards des jalous,
Ici les Jeux en secret vont se rendre ;
Les plaisirs les plus doux
Sous ces ormeaux se sont cachés tous ;
Ah ! laissez-les vous surprendre,
Pourquoi les craignez-vous ?
L’amour vole à la chasse,
Jeunes cœurs, nos champs sont pleins de ses attraits ;
Quelque route qu’il fasse,
On ne peut jamais
Fuir ses traits.
Érato, alternativement avec le chœur
Diane, tes jeux ont su plaire
Au plus charmant des rois,
Depuis qu’on le voit dans les bois,
Il a fait oublier Adonis dans Cythere.
Amour, vous volez sur les traces
Du plus charmant des rois :
Depuis qu’on le voit dans les bois,
Vénus dans ses jardins ne trouve plus les Graces.
Fanfare.
Apollon, à Érato et ses élèves
Pour votre souverain, redoublez votre zèle,
Vous qu’il reçoit dans cet asile heureux :
Et que de ses bienfaits sans cesse dans vos Jeux,
Le souvenir se renouvelle.
Minerve
Il voit combler enfin ses plus ardents désirs ;
Que sa félicité redouble vos plaisirs.
Zéphirs, quittez la cour de Flore,
Pour le beau lys qui vient d’éclore.
L’éclat de ce lys précieux,
Dans cent climats va se répandre ;
La Terre pouvait-elle attendre
Un plus riche présent des Dieux !
Zéphirs, quittez la cour de Flore,
Pour le beau lys qui vient d’éclore.
Auprès de cette aimable fleur,
Volez sur les bords de la Seine ;
Et que votre plus douce haleine
Conserve à jamais sa fraicheur.
Zéphirs, quittez la cour de Flore,
Pour le beau lys qui vient d’éclore.
Apollon
Qu’à l’envie tout réponde à vos accords divers,
Faites dans ce beau jour éclater les trompettes :
Faites même à Louis entendre vos musettes,
Et que toujours son nom se mêle à vos concerts.
Ballet général
Chœur des élèves d’Érato
Qu’à l’envie tout réponde à nos accords divers,
Faisons dans ce beau jour éclater les trompettes :
Faisons même à Louis entendre nos musettes,
Et que toujours son nom se mêle à nos concerts.
FIN