LE RETOUR DES DIEUX SUR LA TERRE

SCÈNE PREMIÈRE

La Nymphe de la Seine.
La Nymphe de la Seine
Quelle douce clarté se répand sur ces bords !
Qui produit de ces sons la céleste harmonie !
Jamais je n’en goûtais la douceur infinie,
Et mon cœur ignorait de si charmants transports.
Les Dieux abandonnant le séjour du Tonnerre
Reviendraient-ils encor habiter sur la Terre ?

SCÈNE DEUXIÈME

Astrée, la Nymphe de la Seine.
Astrée à la Nymphe
Nymphe, n’en doute point ; ma présence en ces lieux,
T’annonce le retour et la faveur des Dieux :
De ton Roi, de ta Reine ils couronnent le zèle,
C’est leur vertu qui les rappelle.
Ils répondent aux vœux de ce peuple fidèle
Que leur grandeur fait immortelle.
Par un si digne exemple, enfin les Immortels,
Dans les cœurs des Humains, retrouvent des Autels ;
Le Ciel verse sur eux sa sagesse profonde.
Les Rois comme les Dieux, font le bonheur du monde.
La Nymphe de la Seine
Peuples soumis au pouvoir de LOUIS,
Vous qu’on voit habiter cette riche contrée,
Célébrez à jamais la présence d’Astrée,
Chantez, chantez des Dieux les biensfaits infinis.
Chœur
Célébrons à jamais la présence d’Astrée,
Chantons, chantons des Dieux les biensfaits infinis.
Qu’il est doux d’habiter cette riche contrée,
Qu’il est doux d’obéïr aux ordres de LOUIS !
Une Bergere
Tout rit, tout enchante,
Tout plaît ici bas,
Le Ciel nous présente
Des jours pleins d’appas :
La foi la plus pure
Va dans nos Vergers,
Du cœur des Bergers
Bannir l’imposture,
Plus d’Amants ingrats.
Tout rit, tout enchante &c.
Chantez Tourterelles,
Chantez avec nous,
Nous sommes fidèles,
Tendres comme vous.
Tout rit, tout enchante &c.
Un Berger
Le Ciel nous présente
De nouveaux plaisirs,
Leur douceur naissante
Comble nos désirs :
Des Dieux la présence
Donne à nos ardeurs
La douce espérance
De voir la constance
Régner sur les Cœurs.

SCÈNE III

Minerve, Astrée, la Nymphe de la Seine.
Minerve à la Nymphe
Nymphe, dans ces climats reconnais la Déesse,
Qui toujours pour ton Roi signala sa tendresse ;
Tout l’Olympe à l’envie l’a comblé de bienfaits,
Il reçut d’Apollon l’éclat qui l’environne,
Du Souverain des Dieux l’air brille en sa personne ;
Les Graces, l’Amour même ont dessiné ses traits.
Le fier Dieu de la Thrace a formé son courage ;
Mais sa sagesse est mon ouvrage.
 
Par un pareil destin j’ai la gloire en ce jour,
D’avoir formé dès sa première aurore,
Une Princesse qu’il adore,
Une Reine, l’objet d’un éternel amour.
Chœur
Minerve a la gloire en ce jour,
D’avoir formé dès sa première aurore,
Une Princesse qu’il adore,
Une Reine, l’objet d’un éternel amour.

SCÈNE IV

Minerve, Astrée, Apollon, la Nymphe, les Génies des Arts.
Apollon
Au Règne d’un grand Roi je dois toutes mes veilles ;
Ministres de ma volonté,
De la célèbre Antiquité,
Faites revivre les merveilles.
Fortunés Sujets de ce vaste Empire,
Suivez les projets
Qu’un Dieu vous inspire :
Chantez sur ces bords
Qu’ici tout s’exprime,
À vos doux accords
Que tout se ranime :
Que de toutes parts
Règne pour les Arts
Un goût unanime.
Chœur
Fortunés Sujets de ce vaste Empire,
Suivons les projets
Qu’un Dieu nous inspire :
Chantons sur ces bords
Qu’ici tout s’exprime,
À nos doux accords
Que tout se ranime :
Que de toutes parts
Règne pour les Arts
Un goût unanime.
La Musique
La noble ardeur qui m’enflamme
Prend sa source dans les Cieux,
Et je fais goûter à l’âme
La félicité des Dieux :
Je veux avec Uranie,
Célébrer dans mes transports
Cet Empire où l’Harmonie
Règne comme en mes accords.
La Poésie à la Nymphe
Tu sais, Nymphe, que les Destins
Ont voulu que ma sainte ivresse,
Fit couler aux cœurs des Humains
Les maximes de la Sagesse :
Mais pour mieux remplir cette loi,
Il suffit d’inspirer aux Hommes
Les vertus qu’au siècle où nous sommes,
Font briller ta Reine et ton Roi.
Un habitant
Dans ces beaux lieux que l’on goûte de charmes !
L’aimable Paix
Y règne pour jamais :
On n’y voit point couler de tristes larmes :
Tous les désirs
Sont suivis de plaisirs,
Ce tranquille séjour
Semble fait pour l’Amour.
L'habitant
Jeunes Cœurs,
Brûlez des ardeurs
De l’aimable
Dieu de Cythère ;
S’il a des traits vainqueurs,
Il n’en est armé que pour plaire :
Non, ne balancez pas,
Marchez sur ses pas ;
Ne balancez pas ;
Faut-il qu’on diffère ?
Sa chaîne a mille attraits
Qu’un indifférent ne sent jamais.
Ne craignez plus ses feux,
On est trop heureux
Quand on aime,
Ne perdez pas un moment,
L’Amour est un bien suprême :
Pour un fidèle Amant,
Jusqu’à son tourment
Tout est charmant ;
Dans son aimable Empire,
L’air même qu’on respire,
Les doux Zéphirs
Parlent des plaisirs
Qu’il inspire,
Tous vous dit à la fois
Que le vrai bonheur est sous ses lois.

SCÈNE V

L’Amour, les Divinités des Scènes précédentes.
L'Amour à Minerve
Mes coups ont assez bien servi votre prudence
Déesse, et je puis désormais
Sans crainte, à vos regards faire briller mes traits,
Qui peut douter encor de ma Puissance ?
On m’opposait la Chasse et ses nobles plaisirs :
Oui, l’Amour, disait-on, forme de vains desirs ;
De ses traits dans les bois on brave la blessure,
Il ne peut jusque-là, faire craindre son nom ;
Assise auprès d’Endimion,
Diane vous dira si la retraite est sûre.
Minerve
Que les Échos des Bois, que les Champs d’alentour
Retentissent dans ce beau jour ;
Diane en augmente la gloire,
Quel triomphe ! quelle victoire !
Chœur
Que les Échos des Bois, que les Champs d’alentour
Retentissent dans ce beau jour ;
Diane en augmente la gloire,
Quel triomphe ! quelle victoire !
La Bergere
Sous cet épais feuillage
Diane et l’Amour ont tendu leurs filets,
Ils vont mettre en usage
Les plus dangereux de leurs traits :
Diane avec ses armes,
Détruit les plus fiers Habitants des Forêts,
Et l’Amour par ses charmes,
Jeunes Beautés, vous enchaîne à jamais.
La Bergere
LOUIS vient de paraître
Déjà les Chasseurs viennent de toutes parts,
On reconnaît leur Maître
À la douceur de ses regards :
Les Graces attentives,
Pensent retrouver Adonis en ce jour,
Les Nymphes moins craintives,
Quittent les Bois pour augmenter sa Cour.
La Bergere
Dans ce Boccage,
Le chant des tendres Oiseaux,
Le bruit des eaux ;
Tout nous engage
À goûter un doux repos :
L’Amour pour nous
A reservé ses coups
Les plus doux ;
À ses faveurs
Livrons nos cœurs :
L’aimable Maître,
Dont mille et mille fois
Nous bénissons les lois,
Fait renaître l’heureux cours
Des beaux jours.
Au gré de nos vœux,
Nous passons la vie,
Tout répond à notre envie,
Les Plaisirs, les Ris, les Jeux :
Le Dieu qui nous blesse,
Pour nous s’intéresse,
Les plus doux attraits
Suivent partout ses traits,
Notre bonheur ne cesse jamais.
FIN